Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/389

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment un homme sans caractère ; car, s’il était né avec du caractère, il aurait senti le besoin de se créer des principes.

— Il y a à parier que toute idée publique, toute convention reçue est une sottise ; car elle a convenu au plus grand nombre.

— L’estime vaut mieux que la célébrité ; la considération vaut mieux que la renommée, et l’honneur vaut mieux que la gloire.

— C’est souvent le mobile de la vanité qui a engagé l’homme à montrer toute l’énergie de son âme. Du bois ajouté à un acier pointu fait un dard ; deux plumes ajoutées au bois font une flèche.

— Les gens faibles sont les troupes légères de l’armée des méchans. Ils font plus de mal que l’armée même ; ils infectent et ils ravagent.

— Il est plus facile de légaliser certaines choses que les légitimer.

— Célébrité : l’avantage d’être connu de ceux qui ne vous connaissent pas.

— On partage avec plaisir l’amitié de ses amis pour des personnes auxquelles on s’intéresse peu soi-même ; mais la haine, même celle qui est la plus juste, a de la peine à se faire respecter.

— Tel homme a été craint pour ses talens, haï pour ses vertus, et n’a rassuré que par son caractère. Mais, combien de temps s’est passé avant que justice se fît !

— Dans l’ordre naturel, comme dans l’ordre