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leurs héros. Ce défaut venait de ce que , dans ces siècles héroïques et grossiers, on n'avait point fixé les véritables notions des vertus morales. Les Romains, nés moins heureusement , mais ayant plus d'idées sur les décences , tracèrent des carac- tères moins forts , mais plus soutenus. Les deux ou trois siècles qui précédèrent la renaissance des lettres , doivent être comptés pour rien. Une imitation servile des anciens , tant Grecs que Romains , tint lieu de tout mérite dans l'Europe littéraire. Les Anglais , les Italiens et les Français prirent des routes différentes. Les deux- premiers de ces peuples , surtout lès Anglais , se piquèrent d'imiter la nature avec une vérité souvent gros- sière et rebutante. La preuve qu'ils n'étaient point dirigés , dans cette marche , par le désir d'opérer une illusion parfaite , mais seulement par ime rusticité qui n'est point incompatible avec les élans du génie , c'est qu'en même temps qu'ils copiaient la halure commune , ils choquaient toutes les vraisemblances , en resserrant dans l'es" pace d'un jour des événemens qui avaient rempli trente années. Les Italiens imitèrent la nature dans ces détails moins odieux, mais peu intéressans. Dans la Mérope de Maffei , le vieillard qui vient chercher le jeune Egiste, se permet de parler beaucoup , et de dire plusieurs choses inutiles à l'action. Blâmez , en Italie , cette absurdité ; on vous répondra : Telle est la nature. En France, nous pensons qu'il pourrait exister un vieillard

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