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a8o GEUTRES

sait la lumière ). L'auteur ajoute, il est vrai, sans blesser les jeux des peuples ; et l'on entend cette tournure vraiment académique.

Ah ! Messieurs , c'en est trop : qui de vous n'est surpris , indigné, révolté ? Certes , on ne sait qu'admirer le plus dans l'avocat des acadé- mies, ou la hardiesse ou l'impudence qui présente les gens de lettres sous un pareil aspect ; qui , les plaçant entre les peuples et les rois , dit à ces derniers , dans une attitude à la fois servile et menaçante : Nous pouvons à notre choix éclaircir ou doubler^ sur les jeux de vos sujets, le bandeau des préjugés. Pajez nos paroles ou notre sUence ; achetez une alliance utile ou une neutralité né- cessaire. Odieuse transaction , commerce coupable, où l'on sacrifie le bonheur des hommes à des places académiques , à des faveurs de cour ! prime honteuse dans le plus infâme des trafics , celui de la liberté des nations ! Vous concevez maintenant. Messieurs, ce qu'exigent des acadé- mies \di décence , \ii sagesse, la prudence (fétat : d'état! hélas ! oui , c'est le mot. Vous en faut-il une seconde preuve également frappante? Cherchez-la dans cette autre académie , sœur puînée , ou plutôt fille de Tncadémie française , et fille digne de sa mère par le même esprit d'abjection.

On snil que, d'.iprès une idée de madame de Tdontesj^an ( ce mot seul dit tout), l'académie des iuscriplions et belles-lettres, instituée authen- liquement pour la gloire dii roi , chargée d'éter-

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