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Ne nous plaignons plus , messieurs , après un pareil trait digne cVhonorer les annales des Grecs et des Romains ; ne nous plaignons plus de ne pas rencontrer plus souvent , dans notre histoire, des exemples d'unliéroïsme si pur et si touchant. Ah ! loin d'être surpris , admirons plutôt que, dans ces temps déplorables de tyrannie et de servi- tude , toutes deux dégradantes même pour les maîtres, un guerrier du quatorzième siècle ait trouvé , dans la grandeur de son âme, ce senti- ment d'humanité universelle, source du bonheur de toute société. Qui ne s'étonnerait qu'un soldat, étranger à toute culture de l'esprit, même aux plus faibles notions qui le préparent, ait ainsi de- vancé le génie de Fénélon qui , trois siècles après, empruntait à la morale ce sentiment d'humanité , pour le transporter dans la politique occupée en- lin du bonheur des peuples? Heureux progrès de la raison perfectionnée, qui, pour diriger avec sagesse ce noble sentiment , lui associe un prin- cipe non moins noble, l'amoiu' de l'ordre : prin- cipe seul digne de gouverner les hommes , et si" supérieur à cet esprit de chevalerie qu'on a vaine- ment regretté de nos jours! Eh! qui oserait les comparer, soit dans leur source, soit dans leurs ef- lèts? L'un, l'esprit de chevalerie, ne portait ses regards que sur un point de la société; l'autre, cet esprit d'ordre et de raison publique, embrasse la société entière :1e premier ne formait, ne deman- dait que des soldats ; le s(!Cond sait former des soK

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