Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/224

Cette page n’a pas encore été corrigée

ior> oti;viii.s

et vivre Far quel étoiiiiaiit prodige rhoiiuiie dii- fère-t-il ainsi de l'homme? pourquoi la raison pa- raît-elle dans les uns im astre éclipsé, tandis que dans les autres il éclaire des mondes ?

Qui pourra nous révéler la nature de ces âmes privilégiées qui renferment elles seules les lumières de plusieurs générations , dont l'active pensée devance dans son vol la course des siècles et va saisir l'avenir dans le néant où il est encore; remonte à l'origine des sociétés, et semble avoir assisté à la création de l'univers, à la formation de riiomme, et à la naissance des gouverne- meiis? En lisant leurs pensées , je crois m'entre- tenir avec le premier des mortels; je crois l'enten- dre retraçant à ses nombreux enfants les objets de la nature dans la simplicité sublime où il les vit,, où il les conçut, et avec le sentiment éner- gique et profond qu'il éprouva, lorsqu'éveillé du du néant à la voix du créateur, il s'assît seul au milieu du monde.

Le génie est un phénomène que l'éducation, le climat, ni le gouvernement ne [)euvent expli- quer. Est-ce à son siècle ([ue l'innuortel lîàcon dut cette âme sublime dont le soulle puisï-ant ralluma le flambeau presque éteint de la philosophie? Non : ce ne sont point des hommes qui lorment les grands hommes. Ils irapj>arîieinient à aucune la- mille, à aucun siècle, à aucune nation; ils n ont ni ancêtres, ni postérité. C'est Dieu qui,par pitié, les envoie tout formés sur la terre pour renouveller

�� �