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DE CHAMFORT. IO9

trouve à décompter quand il voit qu'il a affaire à un lion. Il n'en est pas de même de la fable suivante. Celui qui en est le héros , sait très-bien qu'il va combattre tni lion , et cependant il est saisi de frayeur quand il voit le lion paraître. C'est un fanfaron qui l'est, pour ainsi diie, de bonne foi , et en se trompant lui-même.

Il convenait , ce me semble , que La Fontaine exprimât cette diffé- rence et donnât deux moralités diverses. Le paysan n'est nulle- ment ridicide et le chasseur l'est beaucoup. Je crois que la morale du premier Apologue aurait pu être: connaissez bien la natnre du péril dans lequel vous allez vous engager. Et la morale du second : connaissez-vous vous-même , ne sojez pas votre dupe , et ne vous en rap- portez pas au faux instinct cPun courage qui n'est qu'un premier mouve- ment. Au surplus , l'exécution de ces deux fables est agréable , sans avoir rien de bien saillant.

^ FABLE III.

V. I. Corée et le soleil. . . Voici une des meilleures fables. L'auteur y est poète et grand poète , c'est-à-dire grand peintre , comme sans dessein et en suivant le mouvement de son sujet. Les descriptions agréables et brillantes y sont nécessaires nu récit du fait. Observons tous ce vers iniitatif. . . siffle ., souffle, tempête, etc. N'oublions par sur-tout ce trait qui donne tant à penser :

, Fait périr maint bateau ; Le tout au sujet d'un manteau.

Enfin la moralité de la fable exprimée eu un seul vers : Plus fait douceur que violence.

Je n'y vols à critiquer que les deux mauvaises rimes de paroles et diépaulcs.

FABIE IV.

V. 9. . . Pourvu que Jupiter, etc.

L'idée de rendre sensible par une fable , que la Providence sait ce qu'il nous faut mieux que nous , est très-morale et très-philoso- phique; mais je ne sais si le fait par lequel La Fontaine veut k

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