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J’ai dit que tout pour elle était matière à poésie ; aucun évènement, grand ou petit, qui n’éveillât en elle un écho. Durant son court séjour à Toulouse, elle apprit qu’une figurante du théâtre de cette ville, qui avait joué la veille un rôle de princesse dans une féerie, venait de se donner la mort par le poison. Aussitôt elle écrit l’histoire de cette infortunée, brillante et parée sur les planches, misérable et pauvre en réalité ; voici les dernières strophes de cette pièce, qu’elle se proposait de retoucher encore :

 
C’est ainsi qu’une fois, l’hiver,
Rentrant tard, le soir, dans son bouge,
Et sans même effacer le rouge
Dont son visage était couvert,

Elle prit sur une tablette
Un grand flacon noirâtre et vieux,
Elle y but en fermant les yeux,
Puis s’étendit sur sa couchette.

Quand au fond du ciel endormi
L’aurore mit une auréole,