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se transformait pour elle en poésie. On parle souvent de la « poésie de circonstance », comme pour désigner je ne sais quel petit genre spécial. Mais toute poésie personnelle et vécue est au fond « de circonstance ». Alice de Chambrier avait une foule d’impressions et d’idées qui ne demandaient qu’une occasion, j’allais dire un prétexte, pour s’épanouir dans ses vers ; grâce à la plénitude, à la richesse de son sentiment et de sa pensée, le moindre incident faisait jaillir de son cœur les strophes émues, aussi simplement qu’un souffle d’air fait tomber de l’arbre le fruit mûr. C’était chez elle un jeu naturel, une fonction, la vie même.

Voilà pourquoi elle est si ingénieuse à découvrir des sujets dans les choses les plus insignifiantes et pourquoi elle en tire des effets si imprévus ; voilà surtout comment il se fait que la plupart de ses poésies sont des paraboles. Je leur donne ce nom faute d’en trouver un meilleur : lisez la Comète, la Mare, la Pendule arrêtée, Plaisir d’enfant, et vous comprendrez ce que