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S’ébranle, et dans la nuit se dérobe bientôt,
Tandis que l’idiot, avec ses grands yeux mornes,
Semblait le suivre encor sur les ondes sans bornes ;
Puis, regardant le ciel paré d’un reflet clair,
Il eut un grand sourire et glissa dans la mer.


L’Abandonnée est une autre narration d’un caractère non moins dramatique. Une caravane traverse le désert ; l’eau va manquer ; un vieillard israélite tombe, mourant de soif, sur le sable. Malheur à qui tombe en chemin ! La caravane le livre à son sort,

 
Et de l’infortuné lentement on s’écarte ;
Le grand chameau reprend sa route d’un pas lourd ;
Et le vieillard, avec un gémissement sourd,
S’affaisse, les deux bras étendus, sur la terre.


Alors un cri d’effroi retentit : « Mon père ! » C’est Gislar, la fille de l’infortuné, qui s’était endormie,

 
Par le pas régulier du grand chameau bercée.


La caravane, saisie d’émotion, hésite… Mais