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arrangeait son existence de demoiselle : elle devenait châtelaine de l’abbaye de Bevaix, restaurée par ses soins ; de sa vie elle faisait deux parts, l’une pour la poésie, l’autre pour la charité ; elle serait la providence du pays, la bonne dame aimée de tous, chevauchant à travers la campagne pour la couvrir de ses bienfaits… Innocente rêverie ! Il est à penser que sa vie eût pris un tout autre cours ; mais ce rêve, si noble et gracieux dans son invraisemblance, cette chimère d’une âme de jeune fille à la fois tendre et forte, m’a paru bien propre à la faire connaître, à la faire aimer.

Et si je voulais la surprendre dans la vie de tous les jours, que de traits touchants viendraient compléter et embellir mon récit ! Nous la verrions, bonne et serviable pour tous ceux qui l’entouraient, parents et serviteurs ; apprenant le latin avec ses jeunes frères pour pouvoir mieux les aider dans leurs études ; s’intéressant aux travaux de son père et l’enveloppant d’une tendresse de tous les instants… Mais il ne