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Laissant à quelque rameau frêle
Son pauvre nid vide et glacé,
L’oiseau s’enfuit à tire d’aile
Dans un vol hâtif et pressé.

Il sait qu’une terre fleurie,
Où luit toujours un rayon d’or,
Nouvelle et seconde patrie,
L’attend loin des brouillards du nord.

C’est pourquoi, dans un cri de joie,
Lorsqu’il voit pâlir le soleil,
Son aile au vent froid se déploie
Et l’emporte au pays vermeil.

Notre âme est cet oiseau volage
Que pourchasse l’hiver cruel ;
Mais notre hiver, à nous, c’est l’âge,
Et notre patrie est le ciel.

Et quand les glaces de la vie
Couvriront notre front chenu,
Lorsque, sur la route suivie,
Le temps mauvais sera venu,