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Dans une vallée âpre et sombre
Pleine de bourbe et de marais,
Où toujours il règne un peu d’ombre,
Où le jour ne luit qu’à regrets,

Il est une mare fangeuse ;
Quelques roseaux croissent au bord,
Et, sur sa rive dangereuse,
Le sol mouvant cache la mort.

Dans les eaux noires et profondes
D’où monte un miasme d’égout,
Grouillent des animaux immondes
Dont on s’écarte avec dégoût.

Rien n’éclaire ce paysage
Triste comme une aube d’hiver
Et dont seul un oiseau sauvage
Change parfois l’aspect désert.

Mais soudain, dans la transparence
De l’univers étincelant,
Un rayon de magnificence
Sur ce lieu s’abaisse en tremblant.