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Et près d’eux un chien-loup, leur compagnon fidèle,
Dort la tête appuyée aux briques du foyer.

Ils se disent tout bas de ravissantes choses ;
Ils comptent s’épouser dans la saison des roses,
Au temps où les oiseaux travaillent à leur nid ;
Puis de rire !… Le chien redresse un peu l’oreille
Et, comme un sûr et vieux ami qui les surveille,
Il entr’ouvre à moitié son grand œil endormi.

C’est peut-être un savant, un rêveur, un artiste,
Qui recherche le calme et que la foule attriste,
Et qui donne au travail les veilles de la nuit.
Il se croit oublié dans sa retraite austère,
Sans songer que, perçant les brumes de la terre,
Mon âme le devine, et mon regard le suit.

Ou, retrouvant encore au fond de ma mémoire
Les lambeaux oubliés d’une très vieille histoire,
Je pense à quelque gnome assis près d’un tombeau
Où dort une princesse aux longs cheveux d’ébène,
À la figure pâle étrangement sereine,
Et que doit éveiller un prince jeune et beau…