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Admirables lutteurs, qui, sans même savoir
Que leur conduite est noble et que leur âme est grande,
Donnent toute leur vie et leur joie en offrande
A cet austère maître appelé le devoir !

Ah ! certes, parmi ceux qu’ici-bas l’on encense,
Artistes, conquérants redoutés et puissants,
Beaucoup ne valent pas ces humbles combattants
Qui passent sans éclat, sans beauté, sans science.

Ce sont eux qu’il faudrait pouvoir rendre immortels,
Eux qui mériteraient un temple à leur mémoire,
Comme Athènes autrefois, dans les jours de sa gloire,
Pour les dieux inconnus élevait des autels.


Bevaix, 10 novembre 1881.