Page:Chambrier - Au delà (Fischbacher 1886).djvu/153

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Et tandis qu’au-dessus de votre couche blanche,
Votre mère, pensive, avec amour se penche,
Comme un ange du ciel qui veille auprès de vous.
Pensez-vous quelquefois aux enfances sans nombre
Qui n’ont pour les garder que la nuit morne et sombre
Et que le sol, au lieu de votre nid si doux ?

Pensez-vous à tous ceux qui vont dans les ténèbres,
Parmi les hurlements sinistres et funèbres
Du sauvage ouragan qui vole avec fracas ;
Qui n’ont pas d’autre lit que la neige et la glace,
Qui n’ont pas d’autre toit que le brumeux espace
Et dont le seul refuge est souvent le trépas ?

Ne les oubliez pas, enfants, dans les prières
Que vous dites avant de clore vos paupières
Et de vous endormir d’un sommeil calme et fort !
Dieu prêtera l’oreille à vos voix argentines,
Qui s’en iront vers lui dans les sphères divines,
Comme des cygnes blancs aux grandes ailes d’or.

Il doit vous écouter bien mieux que nous, sans doute,
Ô petits voyageurs sur notre sombre route,