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productions qu’alloient y chercher des hommes dominés par la soif de l’or ; s’enrichir étoit le but unique qu’ils se proposoient d’atteindre dans leurs voyages lointains. Mais, depuis qu’une société choisie d’hommes éclairés, animée par un plus noble motif, a mis tous ses soins à explorer le pays sous un point de vue littéraire, l’Inde s’est placée au rang des contrées les plus intéressantes à connoître et les plus dignes d’exciter la curiosité du monde savant. En effet, plus on acquiert de connoissances dans la littérature de ce peuple, plus on se familiarise avec la tournure de son esprit ; plus on se convainc que, dans ces belles contrées, la nature ne s’est pas moins plu à favoriser l’homme lui-même que le sol heureux qu’il habite ; et bientôt l’on s’aperçoit que les diamans sans nombre que celui-ci recèle, étincellent de moins de feux que la brillante imagination des chantres inspirés du Gange[1].

Parmi ceux-ci, l’auteur du Mégha-doûtah, Kâlidâsa, mérite sans contredit d’occuper une des premières

  1. Si, en parlant ici du génie des Indiens, nous ne le laissons entrevoir que sous le point de vue de l’imagination, c’est que l’ouvrage qui nous occupe est entièrement du ressort de cette faculté : mais il ne faut pas croire que ce soit la seule dans laquelle ils excellent ; et leurs nombreux traités de métaphysique, de philosophie, de morale, &c., prouvent qu’ils n’ont pas cultivé avec moins d’ardeur les diverses branches des connoissances humaines qui sont plus particulièrement du domaine de la raison.