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Ah ! dans le fond de ses forêts,
Le ramier, déchiré de traits,
Gémit au moins sans se contraindre ;
Et le fugitif Actéon,
Percé par les traits d’Orion[1],
Peut l’accuser et peut se plaindre.


III[2]

AUX PREMIERS FRUITS DE MON VERGER[3]

 
Précurseurs de l’automne, Ô fruits nés d’une terre
Ou l’art industrieux, sous ses maisons de verre,
Des soleils du midi sait feindre les chaleurs,
Allez trouver Fanny ; cette mère craintive.
À sa fille aux doux yeux, fleur débile et tardive,
Rendez la force et les couleurs.

Non qu’un péril funeste assiége son enfance ;
Mais du cœur maternel la tendre défiance
N’attend pas le danger qu’elle sait trop prévoir.
Et Fanny, qu’une fois les destins ont frappée,
Soupçonneuse et longtemps de sa perte occupée,
Redoute de loin leur pouvoir.

  1. C’est-à-dire tout simplement : Et le fugitif cerf percé par le traits d’un chasseur.
  2. Édition 1819.
  3. C’est le premier éditeur qui a donné ce titre.