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Par les vagues jeté sur cette île farouche,
Le doux nom de la France est souvent sur ma bouche.
Auprès d’un noir foyer, seul, je me plains du sort.
Je compte les moments, je souhaite la mort ;
Et pas un seul ami dont la voix m’encourage,
Qui près de moi s’asseye, et, voyant mon visage
Se baigner de mes pleurs et tomber sur mon sein ;
Me dise : « Qu’as-tu donc ? » et me presse la main.



VIII[1]

LES POÈTES[2]


Après la prise de Constantinople et la renaissance des lettres, lorsque l’étude de la langue grecque et romaine fut répandue jusque dans le Nord…


Pour entendre ce chœur de cygnes étrangers,
Le vaste écho des monts que la Baltique embrasse,
Hérissé de forêts, de ses antres de glace
Sortit, et, souriant, pour la première fois
Il se plut à s’entendre et méconnut sa voix.


Quand les Anglais commencèrent à cultiver la poésie… Milton… homme sublime, qui a quelques taches comme le soleil[3]. Pope… Thompson, aussi d’autres étincellent quelquefois de beautés, comme les volcans qui lancent du feu au milieu des cendres et de la fumée…


Les poètes anglais, trop fiers pour être esclaves.
Ont même du bon sens rejeté les entraves.

  1. Édition G. de Chénier.
  2. L’auteur a écrit ce titre en grec abrégé περὶ ποιήτ.,
  3. Voy. page 106, note 1.