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L’orgueil distrait et morne et l’oblique satire
À la louange amère, au perfide sourire ;
L’ignorance capable au ton grave et prudent ;
L’envie à l’œil pervers, qui, d’une noire dent,
Se mord, en écoutant, sa lèvre empoisonnée ;
L’engoüment aux gros yeux, à la bouche étonnée :
Puis, bel esprit nouveau, cent beaux esprits soudain
Vous tâteront le flanc, l’épigramme à la main.
Je ne suis point armé ; je présente l’olive :
La paix, messieurs, la paix ; je crains et je m’esquive
Dès que sur un visage éclatent à mes yeux.
D’un nez railleur et fin les plis malicieux.


Rien n’égale la morgue d’un homme revêtu de quelque magistrature littéraire,


Quoique souvent, hélas ! à ses tristes enfants,
Il ait, comme Priam, survécu trop longtemps.
Que ses yeux tout en pleurs aient, devers l’ombre noire,
Vu passer dès longtemps le convoi de sa gloire ;
Que, son obscurité le cachant aux affronts.
Lui seul de ses écrits ait retenu les noms.
De ce sublime orgueil la burlesque démence
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Loke, Hume, Shaft’sbury, ni Pope, ni Rousseau,
Platon que pas à pas Cicéron accompagne,
Le vertueux Charron, ni le sage Montagne,
N’ont point connu d’Alcide assez grand, assez fort,
Etc...................
.... dans le sein d’un assembleur de rimes
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