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charitable… Quoi qu’on en dise, toutes ces fables ont leur prix sans valoir peut-être celles d’Homère. Encore ce dernier point peut-il être contesté. D’ailleurs, bonnes ou mauvaises, elles sont du temps, elles en peignent les mœurs, les caractères, il ne faut pas les omettre.

Parmi les cérémonies catholiques qu’il faut peindre, ne pas oublier les Cendres… et aperite portas principes vestras… et les rogations… et les enterrements… les baptêmes… viatique… extrême-onction…

Et ces prêtres barbares après cela vont à l’autel, entrer à l’autel de Dieu…[1] et consacrer la sainte hostie… Dieu s’indigne de voir le pain devenir lui-même entre leurs mains sacrilèges ; de voir le vin devenu son sang par les paroles sorties de leur bouche impie, aller nourrir leur poitrine… nourriture de mort… en vain ils osent dire à l’autel qu’ils lavent leurs mains parmi les innocents… Dieu ne ratifie pas ce qu’ils disent. En vain l’eau sainte coule sur leurs doigts,


Que toute l’eau des mers ne pourrait point laver,
Tant la fureur de l’or, les meurtres, les parjures
Ont gravé sur leurs mains d’éternelles souillures.


Il faut qu’un éloquent missionnaire prie l’Esprit-Saint de prendre un charbon sur l’autel où les chérubins, etc… et de lui purifier les lèvres comme au prophète Isaïe.

Un prêtre ou quelque autre disant :


De ton sceptre enchanté frappe ce roc stérile,

fais-en jaillir des sources d’eau vive.


Il faut tâcher d’imiter quelque part les honneurs funèbres rendus par le grand Germanicus aux légions massacrées sous Varus par les Germains, sous Arminius… et les

  1. Introibo ad altare Dei.