Page:Cervantes-Viardot-Rinconète et Cortadillo.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et toute chaussée. Rinconète n’était pas moins surpris de l’obéissance et du respect que tous ces gens gardaient à Monipodio, lequel n’était qu’un être grossier, barbare et dénaturé ; il considérait ce qu’il avait lu dans le livre de poche, et les métiers où s’occupait toute cette bande ; finalement, il déplorait combien la justice était aveugle et négligente dans cette fameuse cité de Séville, puisqu’il y demeurait, presque à découvert, des gens si pernicieux, si contraires à la nature même. Il se proposa, au fond du cœur, d’éclairer son camarade par ses conseils, et de ne pas mener longtemps cette vie si honteuse, si souillée, si inquiète et si dissolue. Toutefois, entraîné par sa grande jeunesse et son peu d’expérience, il s’y abandonna quelques mois, pendant lesquels il lui arriva des choses qui demandent un plus long récit. On remet donc à une autre occasion pour écrire l’histoire de sa vie et de ses miracles, avec ceux de son maître Monipodio, et d’autres aventures arrivées aux membres de cette infâme académie, qui seront toutes d’un grand intérêt, et qui pourront servir d’exemple à ceux qui les liront avec fruit.