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Péruviens[1] demeurent dans la même maison ; il voudrait voir si l’on peut entamer une partie avec eux, ne fût-ce qu’à petite ponte, parce qu’on pourrait de là passer à gros jeux. Il dit aussi que dimanche il ne manquera pas de paraître à l’assemblée, et qu’il rendra compte de sa personne. — Le Juif aussi, dit Monipodio, est un grand faucon, et possède de grandes connaissances ; mais il y a longtemps que je ne l’ai vu : c’est mal à lui. Pardieu, s’il ne se corrige, je lui ôterai sa couronne[2], car il n’a pas plus reçu d’ordres sacrés, le voleur, que n’en a reçu le Grand-Turc, et il ne sait pas plus de latin que ma mère. Y a-t-il quelque autre chose de nouveau ? — Non, répondit le vieillard, du moins que je sache. — Eh bien ! à la bonne heure, reprit Monipodio ; prenez, vous autres, cette misère, » et il répartit entre tous une quarantaine de réaux. « Que personne ne manque dimanche, ajouta-t-il ; rien ne manquera du butin. »

Tout le monde lui rendit grâce. Le Repolido et la Cariharta se prirent bras dessus, bras dessous ; ainsi que la Escalanta avec Maniferro, et la Gananciosa avec Chiquiznaque, en convenant que cette nuit, après avoir fait l’ouvrage de la maison, ils se verraient tous chez la Pipota, où Monipodio dit aussi qu’il irait pour l’inventaire du panier à lessive, avant d’aller expédier l’article de poix-résine. Il embrassa Rinconète et Cortadillo, et leur ayant donné sa bénédiction, il les congédia, en leur recommandant de n’avoir jamais de

  1. Peruleros ; on appelait ainsi les commerçants qui s’étaient enrichis en Amérique.
  2. Sa tonsure.