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« On pourrait bien effacer cet article de compte, dit Maniferro, car cette nuit j’en apporterai quittance. — Y a-t-il autre chose, mon fils ? demanda Monipodio. — Oui, répondit Rinconète, voici une autre note :

« Au tailleur bossu, qui s’appelle par sobriquet le Silguero[1], six coups de bâton de première volée, à la demande de la dame qui a laissé son collier en gages. Sécuteur, le Desmochado[2]. »

« Je suis étonné, s’écria Monipodio, que cet article soit encore à faire. Sans aucun doute, le Desmochado est indisposé, puisqu’il y a deux jours que le terme est échu, et qu’il n’a pas encore entamé la besogne. — Je l’ai rencontré hier, dit Maniferro, et il m’a dit que ce qui l’avait empêché d’acquitter la dette, c’est que le bossu avait été retenu chez lui pour cause de maladie. — Je n’en doute pas, reprit Monipodio, car je tiens le Desmochado pour si bon ouvrier, qu’à moins d’un si juste empêchement, il aurait mis à bout de plus grandes entreprises. Y a-t-il autre chose, garçon ? — Non, seigneur, répondit Rinconète. — Eh bien ! passez plus loin, reprit Monipodio, et voyez l’endroit où il est dit : Memorial d’offenses communes. » Rinconète chercha plus loin, et trouva sur une autre feuille :

« Mémorial d’offenses communes, à savoir : coups de bouteille d’encre, taches de poix-résine, attaches de cornes et de san-benitos[3], huées,

  1. Ou gilguero, chardonneret.
  2. Le mutilé, le raccourci.
  3. Le san-benito est la casaque à flammes peintes dont on habillait les condamnés du saint-office.