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Malgré le néant, où doit retomber ta personne humaine, malgré la cruauté de la vie, malgré la raillerie des choses, puisque de tous les êtres, par un mystère étrange, tu es le seul qui ait conçu l’idée de la vertu, l’idée du beau, et que ces idées te font grand et noble, garde précieusement cette noblesse qui t’oblige. Sors donc de l’animalité ; sois vraiment homme, c’est-à-dire un être nouveau dans la foule des êtres, qui s’est trouvé devant la dureté du Destin et n’a pas tremblé, devant l’Infini formidable et est resté debout, devant la Mort et l’a bravée, devant le Mal et l’a combattu, devant la laideur et l’a méprisée, et qui enfin de l’obsession du néant s’est délivré, comme Dieu, par la sublime gloire de ses rêves.