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dans les fabriques de phosphore, et la voilà à l’hôpital. La pauvre fille de vingt ans, le phosphore a rongé ses os ; le poison a bouffi sa face ; ses dents toutes pourries chancèlent ; ulcères aux joues, et par morceaux lentement s’en vont les mâchoires. Elle est perdue : plus de joies, d’amours, ni d’enfants ! Et cela pour avoir honnêtement, durement travaillé, pour avoir voulu (la chose est donc bien nécessaire ?) gagner honnêtement son pain.

Dans le lit près d’elle, une jeune femme sourit et cause, entourée de jeunes gens. Tendres joues pâles, beaux yeux lascifs, elle respire des violettes. Le mal est peu de chose ; elle guérira, traderidera, et recommencera. Grâce à Dieu, la honte ne ronge pas les os.