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théâtre, où sont étendus les pauvres gens que l’on dissèque : ouvriers, charretiers, maçons, malheureuses femmes, jeunes ou vieilles, petits enfants souriants encore et jetés là, si pâles, si beaux, comme un bouquet de fleurs sur un tas d’ordures. Et tous ils dorment leur grand sommeil, leur sommeil profond, que rien ne trouble, ni le scalpel mordant les chairs, ni la scie déchirant les os, ni le bruit de la rue ou la musique lointaine d’un orgue de barbarie entonnant sa chanson obscène. Et l’on pense à leur vie silencieuse, sombre, douloureuse, amère, au peu de joies qu’ils ont connues, à leur peu d’âme et de cerveau, et à ce qu’ils ont pu faire pour mériter cela !




De Flandre à Paris, elle est venue, pour gagner honnêtement son pain. Honnêtement, durement, elle a travaillé