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Pour toile de fond, l’infini et l’éternité ; au devant, des myriades d’êtres, comme des ombres chinoises, s’agitant, se poussant, se pressant, paraissant et disparaissant, avec des gestes bizarres, incompréhensibles, grotesques, charmants quelquefois, plus souvent ridicules : curieux théâtre, comédie effroyable !




Les germes, souvent presque invisibles, ne semblent rien, et cependant ils portent en eux déjà leur splendeur ou leur malédiction futures, en eux, dans cette force interne, mystérieuse, qui les appelle à vivre, les fait monter vers la lumière, leur impose une forme, — la forme d’où naîtra leur destinée à venir, leur joie et leur orgueil, ou leur indicible misère, la joie, l’orgueil d’Hélène et de Cléopâtre, ou la misère du pauvre, de l’idiot,