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choses fait gagner si péniblement quelques pensées et quelques rêves.




Au retour de ces voyages que certaines pensées font dans l’infini, dans ces espaces habités seulement par l’Idée, c’est pour elles une incompréhensible vision, que celle de ce monde réel. Les maladies du corps et de l’âme, les laideurs, les monstruosités, les crimes, les prostitutions, toutes les lâchetés et toutes les folies terrestres, toutes ces tragédies terribles ou ces comédies ridicules, qu’éclairent tranquillement tour à tour le soleil d’or ou la lune pâle, tout ce spectacle enfin, cette danse macabre, cette comédie plus infernale que divine, font qu’elles se demandent, ne pouvant croire que tant d’horreurs soient vraies, si elles ne sont pas sous l’empire d’une hallucination bi-