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des êtres bons, et tous les rêves, qui peuvent encore donner aux hommes l’espoir, la force, et la joie. Je bénis les poëtes qui ont créé le Beau, les purs qui ont créé le Bien, les sages et les saints qui ont créé le Ciel et les Dieux. Je bénis aussi tout ce qui est grand, — les grandes montagnes, les grands fleuves, l’Océan sans bornes, et les poëmes, profonds comme des forêts, et tout ce qui peut faire oublier l’étouffante limite de la vie. Et je bénis les lèvres mortelles qui m’ont juré l’éternel amour ; et les nuits de printemps, les nuits tièdes, les nuits pâles comme sa chair ; et les chastes aurores, limpides comme ses yeux. Je vous bénis, clartés des yeux et des étoiles. Je vous bénis, ô mes grands espoirs, ô mes ardents désirs jamais rassasiés.

Je bénis tout ce qui m’a trompé, tout ce qui m’a consolé d’être.