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POÉSIES DE 1819

C’est par l’entremise du docteur Alibert, dont il sera question plus loin, que Marceline était entrée en rapports avec le libraire Louis qui publia ce volume. Tandis que le livre s’imprimait, Marceline jouait au Théâtre de La Monnaie de Bruxelles où elle tenait l’emploi des jeunes premières. La correspondance relative à l’impression du volume est inédite en majeure partie ; nous la reproduisons ci-dessous d’après les originaux qui, tous, sauf le premier, sont conservés à Lille dans la collection H. de Favreuil.

La plus ancienne de ces lettres est datée du 15 mars 1818[1] ; elle est adressée par Marceline à « Monsieur Louis, libraire, rue Haute-Feuille n° 8 à Paris » :

Bruxelles, 15 mars 1818.
« Monsieur,

« J’ai reçu de M. Alibert, une lettre à laquelle je me serais. empressée de répondre, si je n’eusse été enchaînée par le tra- vail : il est si bon qu’il daignera m’excuser. Vous l’êtes trop pour m’en vouloir aussi. Cette semaine m’offre une trêve, et j’en profite.

« Écoutez-moi, Monsieur, je ne suis pas contente de vous. Vous m’avez donné des éloges auxquels j’ai cru malgré moi petit à petit. Ils m’ont amenée à rêver que je pouvais risquer l’impression, puisqu’avec votre goût, des lumières que je n’ai pas, vous paraissiez le désirer un peu. Le prix que vous attachez vous-même à ces poésies, qui ne méritent peut-être que ce nom, me prouve clairement qu’elles sont dignes du feu. Hélas ! Monsieur, vous trouverez à Paris tant de petits poètes également faibles qui accepteront avec chaleur la distinction. que vous avez daigné m’offrir ! Ils seront plus excusables que moi de s’étourdir sur le ridicule qui tombe inévitablement sur la médiocrité qui veut paraître. Ils y seront forcés peut-être par l’infortune qui n’admet guère la modestie. J’ai toute la mienne, et un état qui me donne de quoi vivre honorablement.

  1. Cette lettre appartenait à Louis Barthou ; elle « truffait », à sa vente, un exemplaire bradel demi-veau rose des Poésies de 1820. Le catalogue mentionnait « une lettre autographe de l’auteur, deux pages à son éditeur et dans laquelle elle cite {M.|Alibert}}. »