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ment à propos de la réponse de Poincaré à notre camarade, que je vous ai raconté ma conversation avec Jaurès à Bruxelles, parce que Poincaré avait invoqué le témoignage de Jaurès.

Je passe aux conclusions. La guerre a été voulue par la réaction, aussi bien par la réaction française que par la réaction allemande et russe. Pour cela, nous pouvons trouver des documents précis. Ce travail serait très intéressant à faire. Il s’agit de prendre la littérature réactionnaire des années qui ont précédé la guerre, en France, en Allemagne, en Angleterre, en Russie, et faire une confrontation nécessaire. Et on verra partout les mêmes sophismes, les mêmes excitations, la même préparation morale de la guerre.

Il s’agit maintenant, pour nous, non seulement de juger la guerre passée, mais de savoir comment nous combattrons la guerre. Si je me suis arrêté sur les causes profondes de la guerre, aussi bien d’ordre général permanent que d’ordre général temporaire, ainsi que sur les raisons immédiates, c’est parce qu’on n’a la possibilité de combattre le mal que lorsqu’on en connaît à fond les causes. Si l’on croit que c’est le militarisme prussien seul qui est à l’origine de la guerre, il ne doit plus y avoir de guerre. Car le militarisme prussien est écrasé. Pourquoi la guerre contre la Russie, qui n’a pas attaqué, continue-t-elle ? Pourquoi continue-t-elle en Syrie, en Haute-Silésie ? S’il n’y a qu’une seule cause, le militarisme prussien, qui git par terre, humilié, battu écrasé, pourquoi, aujourd’hui, les hommes recommencent-ils la guerre ? En réalité, la guerre continuera tant que les causes permanentes, générales ou temporaires, seront là. Si