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un autre, que pendant la nuit du 30 au 31, à trois ou quatre heures du matin, Iswolsky est arrivé à l’Elysée pour annoncer une très grave nouvelle à la Présidence de la République. Maintenant, nous savons ce que pouvait être cette grave nouvelle. C’était probablement la mobilisation russe. Tout le monde sait que la mobilisation russe est une des raisons immédiates qui ont déchaîné la guerre ou servi de prétexte, parce que la mobilisation russe, selon la loi russe, c’est la guerre. Le tsar a été prévenu, du côté allemand, que la mobilisation générale serait considérée comme une déclaration de guerre. Le gouvernement français savait déjà, dans la nuit du 30 au 31 juillet 1914, que la mobilisation était faite et que c’était la guerre.

Autre souvenir personnel : Le lendemain de la mort de Jaurès, je suis venu à la Chambre. Je connaissais très bien, à cette époque, M. Painlevé. Nous avions de bons rapports de journaliste à député (Painlevé n’était alors qu’un simple député). Nous sommes sortis tous les deux de la Chambre. Nous avons traversé la place de la Concorde. J’étais naturellement ému de la mort de Jaurès, et je disais à Painlevé : « Comment se fait-il que vous, un des chefs du Parti Radical, vous ne sentiez pas l’immense responsabilité qui va peser sur le Parti Radical s’il ne résiste pas au déchaînement de la guerre ? » Nous avons traversé la place, et nous avons rencontré, au coin de la rue Royale et du Faubourg Saint-Honoré, M. Viviani et M. Thomson, qui venaient de quitter l’Elysée. Je crois qu’ils avaient eu un entretien avec l’ambassadeur allemand. Nous avions été autrefois camarades avec Viviani, nous avions des rapports de camaraderie quand il était