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Si nous passons maintenant à notre chère France, qu’est-ce que nous voyons ? Nous voyons une propagande nationaliste, revancharde depuis la guerre de 1870. Jamais cette propagande nationaliste et revancharde n’a cessé. Si vous jetez un coup d’œil sur toutes les grandes crises pendant ces 44 années, vous verrez toujours cette idée nationaliste surgir. Pendant la période antisémite, pendant la période boulangiste, pendant la période de l’affaire Dreyfus, vous voyez toujours l’Etat-Major, le militarisme, le nationalisme surgir. Seulement pendant une courte période, pour des raisons diverses, il y eut une sorte d’accalmie, pendant la lutte autour de l’affaire Dreyfus, quand tous les éléments démocratiques ont compris le danger de la bestialité nationaliste. Mais cette période n’a pas duré longtemps. Millerand s’est mis à la tête des nationalistes. Au seul gouvernement républicain qui ait existé, il a lancé l’injure du « régime abject », et, depuis, nous voyons la vague nationaliste prendre le dessus.

Si vous voyez la littérature de cette époque, si vous examinez, par exemple, l’enquête faite par Agathon, sur l’état d’esprit français, vous constaterez chez la jeunesse bourgeoise, une véritable exaltation du patriotisme de guerre. C’est déjà la théorie des « bienfaits de la guerre ». On y déclare que la guerre développe l’énergie (elle développe surtout l’énergie de ceux qui ne se battent pas). Elle se trouverait à l’origine de tous les sentiments supérieurs. Il y a là toute une philosophie. Et cette philosophie n’est pas