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jet. Il écrivait : « Quand j’ai assez de soldats dans mes casernes et assez d’argent dans mes caisses, je fais la guerre ». Quand il a donné son Autobiographie, où il exprimait cette pensée, à son secrétaire français, le grand Voltaire, celui-ci, plus fin, plus avisé, lui a dit : « C’est vrai, mais il ne faut pas le dire ». Ce souci constant de la puissance militaire, auquel il faut ajouter la crainte permanente de la croissance de la classe ouvrière allemande, et aussi le sentiment, la conscience que la classe ouvrière marcherait comme un seul mouton, tout cela a fait qu’au moment où il pouvait déclarer la guerre, Guillaume l’a fait. Il considérait d’ailleurs cette guerre comme une guerre préventive, parce que, disait-il, la Triple Entente isole l’Allemagne, prépare une situation de faiblesse pour l’Allemagne. La guerre doit éclater, alors il vaut mieux la faire éclater au moment où la Triple Entente n*est pas suffisamment préparée.

Il est évident qu’à côté de Guillaume il existait une caste militariste qui poussait à la guerre, qui savait que la France n’était pas suffisamment préparée, que la Russie n’était pas suffisamment préparée. L’espionnage était surtout très bien organisé en Russie. Alors, le grand Etat-Major militaire, qui se sentait prêt, mieux préparé que les autres Etats-Majors, entendait profiter de l’occasion pour déchaîner la guerre.

Passons à l’autre initiateur de la guerre, au tsar. Vous voyez que je ne cherche à disculper personne. J’ai longuement réfléchi, cherché, et je considère que c’est une grande faute, même pour nos amis, de faire du nationalisme à rebours en voulant absolument disculper — je parle des meilleurs parmi nous — les na-