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Comme cause générale temporaire, il faut considérer les armements considérables, la paix armée. Imaginez-vous les hommes sortant dans la rue, ayant chacun un revolver dans la main, le brandissant devant chaque passant : « Attention, si vous me touchez, je tire ! » Si les passants se menaçaient ainsi mutuellement à chaque instant par ce moyen, les bagarres seraient à peu près permanentes. C’est ce qui arrive chez les nations modernes avec la paix armée. Chaque nation criait à son voisin : « Prends garde ! Je suis armé jusqu’aux dents. J’ai un budget de guerre formidable. » On a même inventé cette maxime : Si vis pacem, para bellum — si tu veux la paix, prépare la guerre. Et l’on prépare si bien la guerre qu’on l’a toujours.

Nous arrivons aux raisons immédiates. Ici entre en jeu l’élément personnel, les hommes d’Etat ambitieux, les chefs d’Etat conquérants, les rois, les empereurs comme Napoléon, les impératrices mêmes, comme Eugénie qui a voulu sa guerre, qui a vu l’empire chancelant et qui a considéré que seule une guerre pouvait sauver le second Empire. Ici, des incidents précèdent les guerres et paraissent les provoquer exclusivement. Nous allons les voir et les examiner pour la guerre mondiale.

Pour qu’une guerre éclate, il faut tout un ensemble de circonstances qui peut être décrit de la manière suivante.

Il y a d’abord une situation de guerre qui est déterminée par des causes générales dont je