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pense plus aux misères, aux souffrances de la guerre. Il ne pense qu’à une seule chose, à la revanche, à être à son tour vainqueur. Ou bien le vainqueur devient tellement orgueilleux, tellement insolent, qu’il cherche à étendre sa victoire, et nous verrons que tout cela s’applique à notre situation actuelle, à en tirer tous les effets et tous les avantages. Ainsi la guerre, par le fait même de la guerre, se prolonge et devient permanente. Et c’est encore un scandale monstrueux que pendant le dernier massacre mondial, il y ait eu parmi les hommes qui se trouvaient à la tête de la civilisation, même parmi les socialistes, parmi les meilleurs chefs du socialisme moderne, même marxistes, certains qui prétendaient que la guerre peut terminer la guerre. Ils ont découvert dans la guerre même un remède contre la guerre. Ils ont pu ainsi découvrir une sorte de peste hygiénique. Ils ont trouvé dans l’extension du choléra un moyen contre le choléra.

La guerre peut aussi être provoquée par la peur de la guerre ; on fait alors ce qu’on appelle la guerre préventive. Pour prévenir un ennemi qui devient menaçant, un voisin qui devient inquiétant, on préfère commencer, tant qu’on considère que l’ennemi n’est pas encore assez fort.

Je passe à la seconde catégorie des causes générales, que j’appelle les causes générales temporaires.

C’est le fait que nous caractérisons à notre époque par ce mot : nationalisme. Vous savez qu’il n’est pas moderne, qu’il a toujours existé. Vous connaissez la légende de la Tour de Babel. Les hommes travaillaient ensemble ; ils ne parlaient qu’une seule langue. Ils voulaient monter au ciel. Mais, comme dans notre