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la bouche de tes Prêtres sots ou frippons. Je te dois la vie ; te l’avois-je demandée ? Est-elle un bienfait ? Tu m’as donné la Raison pour me conduire, & les passions plus fortes pour m’égarer. Tu m’as doué de la liberté, & tu sçavois que j’en abuserois. Auteur du bien, le serois-tu donc aussi du mal ? Être tout-puissant & parfait, demeurerois-tu indifférent sur le sort de tes ouvrages foibles & imparfaits ? Trop au-dessus d’eux par ta grandeur, ta bonté devroit t’en rapprocher ; pur esprit, comment peux-tu agir sur la matiere ? Hélas ! dans un monde dont je fais partie, je ne rencontre que des énigmes ; & toi, tu en es la premiere & la plus difficile à deviner… jusqu’à ce que tu daignes m’en dire le mot, qu’ai-je à craindre si je ne te préfére que la Vertu ?