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cas, la maladie s’étend des deux côtés. La théorie de ce phénomène intéressant n’est pas difficile à exposer ; la maladie, dans la jugulaire, ne s’étend jamais en dessous du coagulum, par ce fait que le fluide nutritif, soumis à l’action seule de la pesanteur, est entraîné vers l’organe central, vers le cœur. Dans le bras, il n’en est plus de même ; le sang est influencé par deux forces contraires, la pesanteur et l’impulsion qui lui est transmise par le cœur, et la contractilité des veines ; or, suivant qu’une de ces deux forces prédomine, on voit la maladie se manifester d’un seul ou des deux côtés du caillot.

J’ai dit précédemment que les abcès métastatiques n’indiquaient pas toujours l’existence d’une phlébite. D’après Cruveilhier, ces abcès ne peuvent se développer que sous l’influence d’une phlébite, leur présence dans les organes viscéraux, sont l’expression de l’inflammation des veines. Les collections métastatiques et la phlébite sont, à mon avis, deux affections différentes, indépendantes l’une de l’autre, pouvant coexister et se manifester isolément. Il est facile, en injectant des matières organiques dans les vaisseaux, dans la jugulaire, par exemple, de provoquer la formation de collections purulentes dans les poumons, sans que pour cela une inflammation veineuse en soit la période initiale et la conséquence nécessaire. La pratique a dit son dernier mot sur ce sujet, la brillante théorie de Cruveilhier n’est plus admise de nos jours, elle a été reléguée dans le domaine des hypothèses. Tout ce qui précède me conduit naturellement à nier l’inflammation des veines, à considérer les accidents qui surviennent comme une conséquence de la gêne de la circulation, de la présence du caillot.

Élie CASTILHON