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les quatre fils aymon

versaient sur leur tête des cuves pleines de graisse et de poix brûlante, ou de pierres. Quand la nuit fut venue, on dut se retirer avec une grosse perte d’hommes. Le lendemain on essaya de combler avec des fascines la vallée qui est au levant de la ville, mais sans résultat. Cependant un évêque, Sagittarius, veillait à la défense des murs et souvent lançait lui-même des pierres contre les assaillants[1]. Ceux-ci reconnaissant que par la force ils n’arriveraient à rien, adressèrent secrètement des messagers à Mummolus pour l’engager à se soumettre. Mummolus répondit qu’en effet il était disposé, si on lui assurait la vie, à leur épargner beaucoup de peine. Quand les messagers furent partis, l’évêque Sagittarius, Mummolus, Chariulfe et Waddo se réunirent dans une église et là s’engagèrent par serment à renoncer à l’amitié de Gondovald et à le livrer aux ennemis, si on leur garantissait la vie. Quand les messagers revinrent, ils leur promirent la sûreté de la vie. Et Mummolus dit : Qu’il en soit ainsi. Je vous le livrerai et reconnaissant le roi mon seigneur, je me rendrai devant lui. Ceux-ci promettent que s’il tient sa parole, ils le recevront dans leur charité, et que s’ils ne peuvent l’excuser auprès du roi, ils le mèneront dans une église pour qu’il ne soit point puni de mort. Après s’être engagés par serment, les messagers repartirent. Mummolus, l’évêque Sagittarius et Waddo vinrent à Gondovald et lui dirent : « Tu sais les serments de fidélité que nous t’avons prêtés, toi qui es ici mais accueille un conseil salutaire : sors de cette ville et va te présenter à ton frère, comme tu l’as souvent demandé. En effet nous avons eu un entretien avec ses hommes et il nous ont dit que le roi ne veut pas perdre l’agrément de te posséder parce qu’il reste trop peu de votre race. » Gondovald comprit leur perfidie et tout en larmes leur rappela comment il était venu sur leur invitation. Il n’avait plus d’espoir qu’en eux, mais Dieu, s’ils mentaient, jugerait entre eux et lui. Mummolus répondit : « Nous ne te trompons en rien. Mais voici de vaillants hommes qui se tiennent à la porte de la ville et attendent ta venue. Dépose le baudrier d’or que tu portes, car tu ne dois pas t’avancer avec jactance. Prends ton épée et rends-moi la mienne. »

  1. Gregor, Turon. VII, 37.