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les quatre fils aymon

temps : c’est le cas pour l’amour de Renaud et de Clarice, — soit en attribuant à Ganelon un rôle plus actif : il suppose que c’est lui, au lieu de Naymes, qui conseille de proposer une course à Paris, que l’idée de dresser les machines de guerre contre Montauban lui est due tandis qu’elle est de Charlemagne lui-même dans la Chanson de Geste. Enfin il introduit des détails de son invention dans l’épisode de Maugis volant les épées. La Bibliothèque Bleue, dans l’édition dont je dispose, a conservé une trace évidente de ce dernier remaniement : Quand Maugis vit qu’il était temps, il fit un charme qui les endormit ; il en fit un autre qui fit tomber toutes ses chaînes. Il mit un coussin sous la tête du roi, prit Joyeuse, son épée, et la mit à son côté, puis celle de Roland appelée Durandal et celle d’Olivier nommée Hauteclaire ; il fit une moustache à l’espagnole au roi, lui emporta sa couronne et son trésor, et s’en alla sans qu’il lui pût rien dire, quoiqu’il l’eût éveillé et qu’il lui eût dit adieu. Charlemagne se voyant dupé pensa enrager. Il appela les douze pairs qu’il ne put éveiller qu’en leur frottant le nez d’une herbe qu’il avait apportée du Levant. Ils se regardaient les uns les autres, riaient de voir le roi ainsi transfiguré.

L’on a sans doute remarqué la mention de bouches à feu dans les engins employés au siège de Montauban : Quennons et espringales. Dans la Bibliothèque Bleue, une gravure montre en batterie, devant la forteresse, deux canons sur leurs affûts, une barrique de poudre et quelques boulets. On voit que l’anachronisme remonte au XIVe siècle.

Nous passons le reste du siège de Montauban.

Au Fo 57, recto B, le roi Yon fait évader Renaud et ses frères par un souterrain. Ils arrivent ainsi au bois de la Serpente d’où ils se rendront à Tremoigne. — Fo 58, recto B. Charles va assiéger Tremoigne. — Fo 59, recto B. Charles s’endort dans un bois où Renaud était « embuschié. » Guenelon voit l’empereur et propose à ses compagnons de le tuer, pour se venger de lui et de Renaud. — Fo 59, A et B. Les traîtres délibèrent. Berenger et Hardré refusent d’abord, puis acceptent, de faire ce que Guenelon a dit. — Fo 60. Miniature représentant Charles dormant dans le bois. Les traîtres s’approchent pour le tuer. Renaud intervient et renverse Guenelon de cheval. Un combat s’engage et les traîtres sont mis