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les quatre fils aymon

766 de la Bibl. Nationale, mais il est tenu-compte de cette imitation à la fin de la version du ms. 764, où les trois frères de Renaud et Maugis meurent dans une caverne près de Naples, par suite de la trahison de Ganelon. On retrouve ce récit dans la première partie de la Chronique de Mabran. Je ne crois pas qu’il y ait lieu de supposer qu’il ait existé une Chanson, aujourd’hui perdue, La Mort d’Aalart[1] : les textes du ms. 766 et du British Museum me paraissent en tenir lieu.

Les deux autres manuscrits du British Museum donnent deux rédactions en prose des Fils Aymon.

14. J’en viens à une rédaction en vers où le Beuves d’Aigremont est supprimé (bien qu’il en soit tenu compte dans la suite du récit) et qui n’a conservé qu’une partie des éléments traditionnels, mais qui paraît avoir exercé une influence sur le développement ultérieur de la légende. La Chanson de Geste s’y transforme en un long roman d’aventure. Elle est contenue dans le manuscrit f. fr. 764 de la Bibliothèque nationale (ancien 7.182), bel in-folio du XVesiècle formé de 218 feuilets de parchemin ; la page est à deux colonnes, réglée à 34 lignes. Le dernier feuillet n’a qu’un vers. Le nombre total des vers serait donc de 29,513, n’était la place occupée par les miniatures qui sont vraiment dignes d’attention[2]. La forme de ce texte laisse fort à désirer ; mais, comme pour beaucoup d’autres vieux poèmes, il serait injuste d’imputer à l’auteur les torts du copiste ou des copistes successifs par l’intermédiaire desquels son œuvre nous a été transmise[3]. J’en

  1. Leo Jordan, l.1. p. 177.
  2. Ces miniatures forment pour la plupart de vrais tableaux. Les figures y sont dessinées avec soin. L’entrée de Maugis monté sur Bayard dans l’hôpital d’Acre, l’épouvante des malades, les uns se soulevant sur leur couche, d’autres s’enfuyant tout nus, forment une scène intéressante. Le mobilier de l’hôpital est fidèlement représenté. Les chevaliers sont revêtus d’armures plates, ce qui n’est pas conforme au texte. Dans un duel, les deux champions, couverts de fer, tiennent l’épée de la main droite et le poignard de la main gauche. On ne rencontre pas le bouclier dont il est parlé si souvent dans le texte. La copie est donc de date beaucoup plus récente que la rédaction. L’architecture des châteaux est conforme aux règles de l’art militaire du temps. L’ensemble paraît constituer un document artistique et historique de réelle importance.
  3. Sans parler des vers faux dont l’auteur n’est probablement pas responsable, on est choqué par l’orthographe trop souvent défectueuse. Ainsi ce pour se et se pour si sont très fréquents.