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les quatre fils aymon

romans bretons n’a pas été sans influence sur l’évolution de nos légendes épiques en Italie. Cette composition a été conservée dans trois manuscrits où elle précède l’histoire des Fils Aymon : le manuscrit de Peter-House, le manuscrit 766 et celui de Montpellier, fort abrégée d’ailleurs dans ce dernier[1].

Vivien, l’Amachour de Monbrant, frère de Maugis, a été aussi l’objet d’un roman en vers assez court (1099 vers) qui n’existe que dans le manuscrit de Montpellier[2]. L’hostilité de Beuves d’Aigremont pour Charles et pour son fils Lohier y trouve une explication dans le mauvais accueil que Beuves et Maugis reçoivent à la cour, lorsqu’ils vont demander à l’empereur de secourir Vivien contre les Sarrasins. Le sujet proprement dit est le siège de Monbrant que les Sarrasins veulent reconquérir.

Ainsi s’est trouvé constitué le cycle des Fils Aymon. Dans la plupart des versions que nous possédons de la Chanson de geste et peut-être dans toutes, l’on rencontre des données dérivant du Maugis qui fut de bonne heure considéré comme une branche légitime du cycle.

L’on a quelque peine à accepter parmi ces compositions la version si longue et si indépendante, si romanesque, que l’on trouve au manuscrit 764. Elle n’aurait peut-être d’autre intérêt que celui des miniatures dont elle est ornée, si sur un cadre emprunté à une partie de cette version, l’on n’avait brodé au XIVesiècle un roman d’aventure, le Mabriau où apparaît un fils d’Yonnet et de la belle Eglantine. L’on arrive ainsi à l’interminable Mambriano, du Cecco di Ferrara. M. Rajna estime que la forme Mambrin dérive de l’arabe Abderrahman[3]. M. Jordan pencherait pour le celtique Map-Rian qui aurait

  1. J’ai publié le Maugis d’Aigremont d’après le manuscrit de Peter-House, complété à l’aide des deux autres, dans la Revue des L. Rom., année 1892, p. 1-416. Tirage à part, année 1893, chez Camille Coulet, Montpellier. Mais antérieurement j’avais assez longuement étudié ce poème avec extraits et analyses, d’après le texte de Montpellier, dans la Revue des L. Rom., année 1886, janvier, p. 9-16 ; mars, 105-132 : août-novembre, 61-128. Ces articles sont réunis dans mes Recherches, p. 43-146.
  2. J’ai donné le texte du Vivien dans la Revue des L. Rom., année 1886, août-novembre, p. 128-163, et dans mes Recherches, p. 147-182.
  3. Oriqini dell’ Epopea francese, p. 230, n. 3.