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appendice

La version la plus ancienne contenait trois éléments qui étaient appelés à occuper une place de plus en plus grande dans les versions dérivées : celui du merveilleux, déjà très développé avec Maugis, celui du roman en raison de la variété des aventures de Renaud et de sa famille, celui du fabliau. Ainsi le cycle des Fils Aymon, avant de passer les Alpes, avait subi une première préparation qui devait contribuer à la féconde et rapide popularité qu’il obtint en Italie. Le Rinaldo du Moyen-Âge accepte et s’approprie en partie le Maugis d’Aigremont et suit assez fidèlement notre version Arsenal-Peterhouse. Elle est vraiment intéressante en son ensemble et tient un heureux juste-milieu entre la gravité austère de la version antique et la version B C que gâtent trop d’inventions vulgaires et la mollesse de l’expression. Pour le fond, elle diffère peu de notre version française en prose, ce qui a valu à celle-ci, malgré ses défauts sans nombre, de conserver si longtemps des lecteurs.

L’on a rencontré çà et là la mention du rapport des différentes versions françaises et des romans italiens. À cet égard, de ces recherches sur le Cycle des Fils Aymon, résulte une confirmation nouvelle de la conclusion de l’étude de M. Pio Rajna sur la Rotta di Roncisvalle : « La littérature chevaleresque de la Toscane se rattache à celle des provinces septentrionales et tout aussi bien de la France par un nombre de fils très supérieur à ce que l’on eût pensé ; les œuvres étrangères continuèrent à être connues sur les bords de l’Arno dans leur propre langue non seulement pendant tout le quatorzième siècle, mais même jusqu’au déclin du quinzième. »


Comme exemple d’une page en prose que l’on puisse comparer avec un passage important de l’original en vers, j’ai choisi la fin de l’incunable de 1497, d’après le fac-similé de l’édition M. Bauche. L’on a la partie correspondante d’après le ms. Laud en note au v. 18363 du poème. La concordance se fait au v. 139 de la partie citée.


« Or ne vous desplaise de ce que ie vous diray. Il m’est advis que vous avez grant tort de vous ainsi desconforter car vous deussiez mener grant ioye pour vostre frere qui est saint en paradis lequel a souffert martyre au service de nostre seigneur Vous voyez quil luy en rend bon guerdon. Vous voyez devant voz yeulz les beaux miracles quil fait. Par quoy ie vous prie que vous vous vueillez reconforter et nous dittes sil vous plaist qui vous estes et comment sappelle ce corps saint et comment on l appelloit quant il vivoit à celle fin que nous faisons mettre son nom dessus sa tombe. Quant les freres ouyrent larcevesque ainsi parler