Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/279

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teurs, conſtant au point qu’il ne m’a abandonné qu’en mourant. Ce fut lui qui détermina à ma faveur M. F… de Gr… Le ſecond que j’ai vu avec épanchement de cœur fut M. P. de Zag. qui travailla deux années de ſuite pour applanir toutes les difficultés, qui s’oppoſoient à mon retour dans ma patrie. Le troiſième auquel je me ſuis préſenté fut M. le pr. L… de Mor… perſonnage à Veniſe de la plus grande importance, et qui détermina M. de Sagr. à ſigner ma grace d’abord qu’il lui a parlé. Soit amour de patrie, ſoit amour propre, je ſais que je dois à ce retour les plus beaux momens de ma vie : on ne m’a obligé à aucune expiation, et tout le monde le ſavoit. La plénitude extraordinaire de ma grace à l’égard de la gravité du tribunal fit mon apologie. Ce grand magiſtrat ſouverain n’a pu faire d’avantage, ni pour me déclarer innocent, ni pour convaincre toute l’Europe que j’ai ſu mériter ſon indulgence. Tout le monde s’attendoit à me voir pourvu d’un emploi convenable à ma capacité, et néceſſaire à ma ſubſiſtence ; mais tout le monde s’eſt trompé, hormis moi. Un établiſſement quelconque, que j’aurois pu obtenir par la faveur d’un tribunal, dont