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lever encore deux pieds pour la faire entrer autant, et pour lors je me ſerois aſſuré de la faire entrer entièrement, retournant d’abord ſur le toit de la lucarne, et tirant à moi la corde que j’avois liée à l’échelon : pour l’élever ces deux pieds, je me ſuis levé ſur mes genoux, et la force que j’ai voulu employer pour ſoulever l’échelle fit gliſſer les pointes de mes deux pieds de façon que mon corps tomba dehors jusqu’à la poitrine ſuſpendu à mes deux coudes. Ce fut dans le même épouvantable inſtant, que j’ai employé toute ma vigueur à m’aider des coudes pour m’appuyer, et m’arrêter ſur mes côtes ; et j’y ai réuſſi. Attentif à ne pas m’abandonner, je ſuis parvenu à m’aider de tout le reſte de mes bras jusqu’au poignet pour me rendre ferme ſur la goutière avec tout mon ventre. Je n’avois rien à craindre pour l’échelle, qui étant entrée aux deux efforts plus de trois pieds, étoit là immobile. Me trouvant donc ſur la goutière poſitivement ſur mes deux poignets, et ſur mes aines entre le bas-ventre, et le haut de mes cuiſſes, j’ai vu qu’en élevant ma cuiſſe droite pour parvenir à mettre ſur la goutière un genou, puis l’autre, je me trouverois tout-à-fait hors du grand danger.