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tout entière libre entre mes mains, et je l’ai placée à côté de la lucarne. Je n’ai eu aucune difficulté non plus à rompre toute la fenêtre vitrée en mépriſant le ſang qui ſortoit de ma main gauche légèrement bleſſée dans pluſieurs endroits par les vitres que j’arrachois.

À l’aide de mon verrou j’ai ſuivi ma première méthode pour retourner à monter à cheval du toit, et je me ſuis acheminé à l’endroit où j’avois laiſſé mon compagnon. Je l’ai trouvé déseſpéré, fou, furieux : il me dit des injures de ce que je l’ai laiſſé là tout ſeul une heure et demie, il m’aſſura qu’il n’attendoit que le ſon de ſept heures pour s’en retourner à ſa priſon ; et qu’il s’étonnoit de me voir, puisqu’il me croyoit déjà tombé dans quelque précipice. J’ai tout pardonné à ſa cruelle ſituation, et à ſon caractère. J’ai relié à mon cou mon équipage, et les cordes, et je lui ai dit de me ſuivre. Lorsque nous fûmes vis à vis le derrière de la lucarne, je lui ai rendu un compte exact de mon opération en conſultant avec lui le moyen d’entrer là dedans tous les deux : je voyois cela facile pour un, qui pourroit moyennant la corde, être deſcendu par l’autre ; mais je ne ſavois pas quel ſeroit le moyen que l’autre