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Dans cette idée, j’ai couché une courte queſtion dans laquelle je demandois à une intelligence, que je ſuppoſois, dans quel chant de l’Arioſte ſe trouvoit la prédiction du jour de ma délivrance. Après cela j’ai formé une piramide à rebour compoſée des nombres réſultans des paroles de mon interrogation, et avec la ſouſtraction du nombre 9 de chaque couple de chiffres j’ai trouvé pour le dernier nombre le 9, et j’ai cru que dans le neuvième chant il y avoit ce que je cherchois. J’ai ſuivi la même méthode pour ſavoir dans quelle ſtance de ce chant ſe trouvoit cette prédiction, et j’ai trouvé le nombre 7, et curieux enfin de ſavoir dans quel vers de la ſtance ſe trouvoit l’oracle, j’ai reçu l’1. J’ai d’abord pris entre mes mains l’Arioſte avec le cœur palpitant, et j’ai trouvé que le premier vers de la ſeptième ſtrophe du neuvième chant étoit Tra il fin d’Ottobre, e il capo di Novembre.

La préciſion de ce vers, et l’à propos me parurent ſi admirables, que je ne dirai pas d’y avoir ajouté foi, mais le lecteur me pardonnera, ſi je me ſuis diſpoſé de mon côté à faire tout ce qui dépendoit de moi pour aider à la vérification de l’oracle. Le