Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ou quatre jours j’en avois beſoin moi-même.

Je ne trouvois pas de remède à la longueur excédente du verrou : il auroit fallu la forge pour le racourcir, et je ne pouvois pas prétendre que Laurent dût devenir aveugle pour ne pas voir l’excédent de la machine qui ne pouvoit ſortir du doſſier du livre ſans lui ſauter aux yeux : il falloit pourtant le trouver cet heureux moyen, et s’il exiſtoit en nature on ne pouvoit le trouver qu’à force d’y penſer. J’ai communiqué mon embarras au père Balbi : il me répondit le lendemain, en ſe moquant de l’infécondité de mon imagination, que le moyen étoit tout ſimple. Laurent leur avoit dit que j’avois une belle péliſſe : il me diſoit qu’ils s’en montreroient curieux, et qu’ils me feroient prier de la leur faire voir : que je n’avois donc qu’à y mettre dedans l’eſponton, et la leur envoyer pliée ; que naturellement Laurent la leur porteroit ſans la déplier, et qu’adroitement il en tireroit dehors l’eſponton, et qu’il me la renverroit d’abord.

Malgré que le ſtyle du moine m’ait piqué, la hardieſſe de ce projet ne m’a pas déplu : j’avois des preuves de la bêtiſe de