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un trou dans le grand toit du palais dans la même nuit. Je pouvois me flatter d’en venir à bout ayant un compagnon à l’ouvrage. Lorsque j’aurois été ſur le toit, j’aurois vu ce qu’il y avoit à faire : il falloit donc ſe réſoudre, et y aller. Je n’ai vu que ce moine qui à l’âge de trente-huit ans, quoique mal pourvu de bon jugement, auroit pu exécuter toutes mes inſtructions. Il falloit donc me déterminer à lui confier tout, et penſer au moyen de lui envoyer mon verrou. J’ai commencé par lui demander, s’il déſiroit ſa liberté, et s’il ſe ſentoit diſpoſé à tout faire pour ſe la procurer en ſe ſauvant avec moi. Il me répondit que tant lui que ſon compagnon ſeroient prêts à tout faire pour briſer leurs chaînes ; mais qu’il étoit inutile de penſer à ce qui étoit impoſſible : il me faiſoit ici un long détail des difficultés dont il rempliſſoit quatre pages, et que je n’aurois jamais fini, ſi j’euſſe voulu les applanir. Je lui ai répondu que toutes ſes difficultés ne me paroiſſoient que fort-légères, et qu’abſolument je ne voulois pas confier au papier leur réſolution ; et que s’il vouloit me promettre d’exécuter mes inſtructions je lui promettois la liberté. Il me répondit qu’il étoit prêt à tout.