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et ferrer le trou, en prenant la liberté d’intimer à ces artiſans le ſilence ſous peine de la vie. Nicolas l’avoit aſſuré qu’un ſeul jour plus tard je m’en ſerois allé par un moyen qui auroit fait beaucoup parler, et qu’on auroit fait étrangler Laurent, puisqu’il étoit tout ſimple, que quoiqu’il ait voulu paroître ſurpris à la vue du trou, et qu’il ait fait ſemblant d’être fâché contre moi, il ne pouvoit être que d’accord, car ce ne pouvoit être que lui qui m’eût donné les inſtrumens pour rompre, et qu’on n’avoit jamais pu trouver, parcequ’adroitement je devois les lui avoir rendus. Nicolas lui avoit dit auſſi que M. de Br… avoit promis à Laurent mille cequins à l’évenement de ma fuite, qu’il avoit eſpéré de gagner ſans rien risquer en comptant ſur la protection de S. E. D… qui protégeoit ſa femme ; et que tous les archers étoient ſûrs qu’il trouveroit quelque moyen de me procurer la fuite ſans risquer de perdre ſon emploi : il lui avoit dit qu’ils n’oſoient pas faire ſavoir à M. le ſecrétaire toutes ſes malverſations, parcequ’ils craignoient qu’en ſe tirant d’affaire il ne leur fît perdre leur pain. Le père Balbi finiſſoit ſa lettre par me prier d’avoir confiance en lui, et de